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Le 23 décembre 2023, Rivière-du-Loup célébrait ses 350 ans. C'est effectivement à cette date, en 1673, que la seigneurie de Rivière-du-Loup été concédée par l’intendant Jean Talon à Charles Aubert de la Chesnaye, un homme d’affaires prospère et figure marquante de la Nouvelle-France.

Réalisée dans le cadre de cet anniversaire, cette page vise à vous faire découvrir la riche histoire de notre ville, en mots et en vidéos.

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Histoire

Du poste de traite à la mission, de la seigneurie au village, du village préindustriel à la ville industrielle, Rivière-du-Loup s’est développée au fil des siècles, héritant d’un patrimoine bâti exceptionnel. Laissez-nous vous raconter sa grande histoire…

La rivière du Loup avant 1673

Lieu de passage et de rencontre depuis des millénaires, les premiers arrivants français croiseront les Premières nations près de la rivière du Loup et apprendront rapidement les leçons du pays. Profitant de leur savoir, ils utiliseront les portages et les rivières qui traversent les terrasses supérieures et mènent, par monts et par vaux, du lac Témiscouata à la rivière Saint-Jean et jusqu’à la baie de Fundy.

Connu depuis des siècles, ce chemin du Portage fera la renommée de la région pendant ces époques glorieuses où les coureurs des bois s’adonnaient à la traite des fourrures et que le courrier du roi et les militaires empruntaient des routes rudimentaires à travers l’arrière-pays pour se rendre jusqu’à l’Atlantique, hiver comme été.


Plan de la route de Halifax à Rivière- du-Loup, par Joseph Bouchette, 1815. BAnQ, G 3401 P1 1815 B6 CAR.

La Pointe de la rivière du Loup
Reconnue comme un lieu stratégique pour rencontrer les Premières nations, la Pointe de la rivière du Loup fait partie du circuit des missionnaires de passage entre 1615 et 1632. Avec l'établissement de Charles Aubert de la Chesnaye à partir de 1673, le poste de traite accueillera les missionnaires qui partageront « l’habitation » où se rendent les Amérindiens pour échanger des fourrures. Figures célèbres à cette époque, le jésuite Jean-Baptiste de Labrosse et le père récollet Chrestien Le Clercq poursuivent tour à tour leurs œuvres missionnaires auprès des Micmacs et des Malécites de la région. Deux cent Micmacs se rassemblent même à la mission du Bon-Pasteur selon les dires du Père Morain en 1677. Au 18e siècle, le territoire de Rivière-du-Loup est sous la responsabilité des curés résidents de la paroisse de Kamouraska.

Le grand potentiel économique des pelleteries, des pêcheries de marsouins et de la chasse au loup-marin dans l’embouchure de la rivière du Loup, sur les îles du Pot-à-l’eau-de-vie et sur l’île aux Lièvres retient rapidement l’attention d’entrepreneurs français qui convoitent les seigneuries dans le Bas-Saint-Laurent pour leurs abondantes ressources halieutiques. Vers 1702, des pêches au marsouin sont concédées à des pêcheurs originaires de Kamouraska, qui viennent tendre leurs parcs sur la devanture des îlets et récifs qui parsèment la rive sud de l’estuaire. Les meilleurs lieux de pêche se situent entre le secteur de Saint-Roch-des-Aulnaies et l’île Verte. La vente des peaux et de l’huile des marsouins constitue un revenu intéressant pour les seigneurs comme pour les entrepreneurs qui possèdent les droits d’exploitation.


La pointe de la rivière du Loup vers 1840. Source : BAC, Aquarelle d’Henry Manvers Percy, 1838-1840, C-013617.

Le territoire, ses seigneurs et son développement (1673-1825)

En 1673, la seigneurie de la Rivière-du-Loup est octroyée pour la première fois au sieur Charles Aubert de la Chesnaye (1632-1702), un homme d’affaires français renommé à la tête d’expéditions de traite des fourrures à Tadoussac. Il possède déjà la seigneurie de Percé, concédée en 1672, puis acquiert celle de l’île aux Lièvres (1677), de Kamouraska (1680) et de Verbois (1689), à l’ouest de Rivière-du-Loup. Ces territoires lui permettront d’empiler une fortune colossale et feront de lui un des principaux hommes d’affaires de la Nouvelle-France au 17e siècle. Il s’attarde par contre très peu à la mise en valeur de la seigneurie de la Rivière-du-Loup. Aussi, à son décès, seulement une quarantaine d’arpents ont été défrichés. Outre la grande maison, on y retrouve une grange, une étable et une boulangerie.

Originaire de Québec, Joseph Blondeau dit Lafranchise (1658-1724) fait l’acquisition des seigneuries Verbois, de la Rivière-du-Loup, Leparc, de Témiscouata et de Madawaska, qui appartenaient à la succession de Charles Aubert de la Chesnaye. Contrairement à son prédécesseur, le seigneur Blondeau occupe sa seigneurie et se charge de mettre en valeur ses terres, en plus de commercer avec les Premières nations qui fréquentent la région environnante. Rapidement, de nouvelles terres sont concédées à des colons et un premier moulin à farine alimente les habitants. En 1723, à la mort du seigneur Blondeau, le domaine compte une maison de colombage de trente pieds de long, une grange, une écurie, un fournil et un moulin à farine.

Après 1723, l’administration de la seigneurie passe entre les mains d’Agnès Giguère, veuve du seigneur Blondeau, et à son fils. En 1754, Pierre Claverie, officier de marine et marchand, s’en porte acquéreur. Emporté subitement par la variole, c’est sa veuve, Marie-Anne Dupéré, qui en hérite alors. Remariée à Jean-Nicolas-Dandane Danseville de L’Étendard depuis 1758, elle n’aura guère le loisir de développer la seigneurie de la Rivière-du-Loup puisqu’au lendemain de la Conquête, le nouveau couple vend tous ses biens et retourne vivre en France.

La force hydraulique de la rivière du Loup
En 1721, le courant de la rivière du Loup actionne pour la première fois la roue à aubes d’un moulin à eau. La grande histoire du pouvoir hydraulique de la rivière du Loup débute avec la construction d’un moulin à farine, qui sera remplacé dans les siècles suivants par un second moulin, puis un troisième, sans compter l’ajout d’un moulin à battre le grain et d’un moulin à carder et à fouler. Plus haut sur la rivière, on construira ensuite un moulin à scie et, plus tard au 20e siècle, des manufactures et usines hydroélectriques.


Deux anciens moulins à farine et la maison du meunier à l’embouchure de la rivière.
Source : CER-0281, Archives de la Ville de Rivière-du-Loup.



Le pouvoir de l’eau appartient au seigneur et c’est à lui que reviennent le droit et le privilège de concéder des emplacements aux entrepreneurs et artisans qui veulent construire des dalles pour canaliser la force du courant et actionner la roue des différents moulins. C’est ce qui explique que les deux rives de la rivière sont réservées au seigneur du lieu et font partie de son domaine.

Les seigneurs anglophones
Après la Conquête, l’exode de nobles et d’administrateurs français a des conséquences immédiates sur la propriété foncière. À Rivière-du-Loup, la seigneurie est acquise d’abord par James Murray, gouverneur de la nouvelle colonie anglaise, puis passe entre les mains de Richard Murray, John Gray et d’Henry Caldwell, pour finalement être achetée par le jeune Alexandre Fraser (1763-1837) à son retour des Territoires du Nord-Ouest en 1802. Depuis plusieurs années, son père Malcolm Fraser (1733-1815), militaire écossais à la retraite et seigneur de Mount-Murray, préparait le terrain pour que son fils puisse acquérir la seigneurie de la Rivière-du-Loup.

Au lendemain de la Conquête, une cinquantaine d’habitants sont établis à proximité de la rivière et en bordure du littoral, où l’on retrouve une quinzaine de maisons à l’époque.


Arrivée du capitaine John Nairne à Murray Bay, 1759. Source : BAC, aquarelle, MIKAN 2836434.


Les premiers arrivants se regroupent entre l’embouchure de la rivière du Loup et les Trois-Ruisseaux à l’ouest. Ils portent les noms des familles Lévesque, Pelletier, Boucher, Charest, Viel, Dumont, Paradis, Chassé, Michaud, Dallaire, Short, McLouglin et Fraser. Leurs maisons sont construites sur les basses terres de la pointe à la Grue, le long du premier chemin qui longe le bord du rivage et est inondé aux hautes marées.

Une première chapelle est érigée à la pointe à la Grue en 1791 et, en 1798, le premier chemin du Roi officiel est tracé sur le coteau, obligeant les habitants à progressivement déplacer leurs maisons et à se rapprocher de la voie publique. Ce chemin porte aujourd’hui le nom de « rue Fraser ».

La colonisation s’accélère dans les décennies suivantes en raison d’une croissance sans précédent de la population canadienne-française et de la rareté des terres disponibles dans les vieilles seigneuries. La seigneurie de la Rivière-du-Loup accueillera peu à peu les excédents de population du noyau francophone de Québec, de la Côte-de-Beaupré et de la Côte-du-Sud.


Photo en haut de page: Charles Aubert de la Chesnaye. Source : Wikimedia Commons.

Du village à la ville industrielle (1825-1950)

La croissance du village continue avec le développement de l’exploitation forestière et les différentes actions entreprises par le seigneur Alexandre Fraser (1763-1837) pour attirer des journaliers et des artisans sur son domaine. Les limites du domaine seigneurial correspondent aujourd’hui à la rue Taché, du côté est de la rivière, et à la rue Joly, du côté ouest.

À cette époque, deux pôles d’attraction se font compétition dans la seigneurie : un noyau se développe près de la chapelle catholique Saint-Patrice, érigée en 1812 à l’ouest de la seigneurie, et un second noyau, près des activités commerciales de l’anse de la rivière et du manoir seigneurial.

La présence du moulin à scie des Caldwell, construit en haut des grandes chutes en 1823, explique l’intérêt des arrivants pour le nouveau pôle de la rivière et du faubourg. Aussi, le lotissement progresse rapidement sur les limites du domaine, formant bientôt un hameau villageois plus important que le noyau religieux situé plus à l’ouest.

Le manoir Fraser
En 1830, Alexandre Fraser achète la maison Donahue pour y aménager son manoir seigneurial. Situé au cœur de son domaine et en plein centre des activités du village en croissance, le manoir Fraser a pignon sur rue encore aujourd’hui, à la jonction de la rue Fraser et de la côte Saint-Jacques.

Sixième manoir seigneurial, la demeure sera agrandie par William Fraser (1830-1908), fils d’Alexandre Fraser. En 1888, l’architecte Georges-Émile Tanguay redessine complètement le premier manoir afin de le mettre au goût du jour. Il conserve les murs et les fondations de pierre de la première demeure, mais modifie la toiture et lui ajoute une annexe et une tourelle d’angle. Caractéristique du style Second-Empire, la toiture mansardée permet d’habiter davantage les combles. L’architecte de Québec intègre des éléments de décor typiques de l’époque victorienne. Et voici un manoir qui affiche désormais le statut social du seigneur William Fraser, l’un des plus grands propriétaires fonciers de la ville de Fraserville!


Source : Manoir Fraser, Ville de Rivière-du-Loup.


Avec l’arrivée de seigneurs anglophones, plusieurs familles originaires d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande viendront s’établir dans la seigneurie, alors que le hameau est en pleine croissance. Une première vague d’immigrants anglophones s’installe au début du 19e siècle pour travailler au moulin à scie des Caldwell. Le phénomène se produira à nouveau entre les années 1870 et 1890, à l’époque de l’ouverture de nouveaux tronçons ferroviaires et du développement de l’industrie du chemin de fer, qui entraîneront un boum industriel sans précédent à Fraserville.

Après l’arrivée de plusieurs familles anglophones venues travailler aux chantiers du moulin des Caldwell à partir de 1823, doter le hameau en pleine croissance d’une chapelle protestante devient rapidement une nécessité. En 1841, le jeune seigneur Malcolm Fraser (1817-1842) donne un terrain sur son domaine et fait construire une chapelle, qui demeure aujourd’hui le plus ancien lieu de culte protestant du Bas-Saint-Laurent. Plusieurs membres de la famille Fraser y sont enterrés aux côtés de soldats anglais, de navigateurs et de cheminots qui ont connu la grande époque du chemin de fer à Rivière-du-Loup.


Source : Chapelle St Bartholomew, construite en 1841 sur la rue du Domaine, Ville de Rivière-du-Loup.

Le village de Fraserville
En 1850, le village de Fraserville est incorporé en municipalité de village. La population compte 995 âmes au recensement de 1851, soit plus du double de la population recensée vingt ans plus tôt, en 1831. Le nombre d’établissements de production dans le village de Fraserville s’avère très important comparativement aux autres localités de la région. En 1851, Fraserville se classe d’ailleurs au 10e rang des villages de la province affichant un pourcentage supérieur de professions reliées au commerce. Le village croît de façon fulgurante et son faubourg, situé dans l’embouchure de la rivière, ne cesse de se développer. À l’époque, l’anse de la rivière du Loup s’avère suffisamment navigable pour favoriser le commerce maritime et explique la présence de nombreux quais privés accessibles à marée haute. En 1855, un quai en eau profonde sera construit à la Pointe, permettant désormais l’accès direct aux vapeurs et aux navires de plus forts tonneaux. Le commerce, tout comme la villégiature en grande progression à Cacouna et Fraserville, profite largement de cette nouvelle infrastructure.


Les hôtels à la Pointe de Rivière-du-Loup. Source : CER-, Ville de Rivière-du-Loup, Cer-0052.


L’arrivée du chemin de fer
En 1860, une première locomotive du Grand Trunk Railway entre en gare de Fraserville. Le chemin de fer est l’un des principaux moteurs du développement économique au 19e siècle, accélérant la croissance des localités qu’il traverse. Le lien ferroviaire entre Montréal et Fraserville accroît les échanges et modifie des liens traditionnels. La navigation fluviale, bloquée pendant cinq mois par an en raison des glaces, rivalise désormais avec un concurrent de taille.


Vue de la gare du quartier Saint-François-Xavier, vers 1940. Source : Album historique, Société d’histoire et de généalogie de Rivière-du-Loup.


En 1876, le nouveau réseau de l’Intercolonial atteint Halifax. Les voies ferrées traversent la rivière du Loup et longe le fleuve jusque dans la vallée de la Matapédia, puis sur les côtes du Nouveau-Brunswick jusqu’en Nouvelle-Écosse. Le grand rêve canadien d’unifier les provinces a franchi une première étape : il a transformé et accéléré les échanges commerciaux comme la libre circulation des habitants de l’époque. Lien nord-sud, le chemin de fer du Témiscouata complète ce vaste réseau est-ouest, en 1889, permettant un accès aux grandes étendues forestières de l’intérieur des terres et à la baie de Fundy. Usines ferroviaires et manufactures, commerces et construction florissante : Fraserville vit un âge d’or sans précédent. Deux nouvelles paroisses voient le jour en 1905 et les deux églises catholiques de Saint-Ludger et de Saint-François-Xavier sont construites l’une en face de l’autre, sur les terrasses qui surplombent la rivière du Loup.

De 1860 à 1910, le boum économique lié à l’arrivée du chemin de fer intensifie le développement urbain et permet aux autorités de planifier un quartier à l’image de la prospérité de l’époque. Des institutions religieuses et publiques érigent des édifices imposants au centre du noyau villageois. La construction de l’église Saint-Patrice (1855), chef-d’œuvre d’art néogothique, le palais de justice (1881), le couvent des Sœurs du Bon-Pasteur (1886), le marché public puis l’hôtel de ville (1916), sans oublier des banques et des maisons bourgeoises, créent une forte concentration de bâtiments d’intérêt patrimonial qui font encore aujourd’hui le charme de la ville.


L’église Saint-Patrice et le parc Blais. Source : Ville de Rivière-du-Loup.


Pour en savoir plus

Pour voir en image l'impact du temps sur la ville, visionnez les images de la section d'Hier à aujourd'hui dans le site Infopatrimoine. Des points de vue identiques à des époques différentes ! Un effet saisissant à tout coup !

Sous le signe de la modernité (1950 à aujourd'hui)

La fin de l’époque ferroviaire
Jusqu’à la fin des années 1950, l’activité ferroviaire a dominé le cœur des Louperivois. Dans toutes les familles, un grand-père, un frère ou un oncle travaillait au chemin de fer. L’histoire de ces cheminots, serre-freins, chauffeurs d’engin, Canadiens français ou immigrants d’origine anglophone, irlandaise et écossaise, catholiques ou protestants, fait encore partie de l’imaginaire collectif des Louperivois. De part et d’autre de la rivière, les deux quartiers qui sont nés de l’industrie ferroviaire gardent des souvenirs de cette grande époque où les familles Yeo, McNeil, Smith et les familles Pettigrew, Lebel et Savard travaillaient dans la langue de Molière et préparaient le fret pour des convois de plus de quatre-vingts wagons.

Après la fin de l’ère des locomotives à vapeur, le diesel remplace peu à peu les chaudières et les employés qui les surveillent et les alimentent en charbon. Au fil des ans, les trains sont de plus en plus rapides et fiables. Du coup, les cheminots deviennent de moins en moins indispensables. Dans les années 1970, une gare neuve prend la place de l’ancienne gare centenaire du chemin de fer l’Intercolonial, signe des temps modernes et d’une volonté de s’élancer vers de nouveaux horizons.


Vue aérienne des installations au sud de la ville, BAnQ, E21,CAFC,N47-1, 1928.


Avec la chute des activités ferroviaires et la diminution du trafic à la gare de Rivière-du-Loup, la ville a subi une baisse de croissance, mais les industries du secteur primaire et de la transformation lui ont permis de maintenir une position favorable en s’appuyant sur le développement d’un réseau de transport efficace. De nos jours, la ville demeure un point de passage de la route Transcanadienne, à l’intersection des autoroutes 20 vers Québec et Montréal et 85 vers Edmundston et le Nouveau-Brunswick. La liaison maritime entre Rivière-du-Loup et Saint-Siméon représente également un atout considérable. Depuis des siècles, comme à l’époque où il était fréquenté par les Amérindiens, le secteur tire profit de sa situation géographique et de sa vocation de lieu de rencontre et de passage. Deuxième ville en importance au Bas-Saint-Laurent, Rivière-du-Loup est la principale concurrente de Rimouski, qui est deux fois plus populeuse et constitue le centre de services régional.

Les ressources naturelles
Au cours du 20e siècle, de grandes entreprises du bois et de la tourbe ont marqué tour à tour leur époque. Les bâtisseurs ayant fait place aux deuxième et troisième générations, ces belles histoires de familles et de talents font briller la réputation de la ville encore aujourd’hui.

Le potentiel énergétique de la rivière explique à lui seul une grande partie du développement économique de la ville jusqu’au milieu du 20e siècle. La canalisation de l’eau et le transfert de sa force motrice ont permis aux moulins, manufactures et usines de se tailler une place enviable dans l’économie de transformation des matières premières.


Vue de la chute et de la rivière qui traverse la ville du sud vers le nord. Source : Album historique de la Ville de Rivière-du-Loup, no 185, vers 1940.


En 1881, une première manufacture de pulpe ouvre ses portes sur les rives de la rivière du Loup, utilisant le pouvoir d’eau du bassin et des petites chutes, connues sous le nom de « chutes à Warren ». Ces dernières alimenteront l’usine de pâte à papier de la Rivière-du-Loup Pulp Company, puis de la Mohawk Pulp Company, qui restera en fonction jusqu’à la fin des années 1990.

Une grande usine de pâtes et papier, encore en activité aujourd’hui, transforme de la pulpe dans la région depuis 1963. L’usine F. F. Soucy emploie plus d’une centaine de travailleurs et est située dans les anciens ateliers du CN, sur la rive gauche de la rivière. Son fondateur, François-Florentin Soucy, a été le premier à actionner un moulin à pâte mécanique au Québec en 1886, à une douzaine de kilomètres de la ville, sur le territoire actuel de Saint-Antonin. Sous l’égide de la famille Soucy, la production s’oriente vers le papier journal qui prend le chemin des États-Unis. Les beaux jours de l’usine fournissent de l’emploi à plus de trois cents personnes. La compagnie Papiers White Birch a modernisé les installations et se tourne vers l’innovation et le développement de nouveaux produits pour assurer son avenir.

Parmi l’exploitation des ressources naturelles, le passage de la tourbe de simple ressource première expédiée en ballots au début du 20e siècle à son rôle de vecteur de développement durable au tournant du 21e siècle démontre à lui seul la force du milieu et l’ingéniosité de ses entrepreneurs. En 1923, la compagnie Peat Moss Corporation de New York lance l’exploitation des tourbières de la région, une première en Amérique. En 1963, Bernard Bélanger développe l’exploitation des tourbières avec ses associés, étendant ses activités jusqu’au Manitoba et au Nouveau-Brunswick. L’introduction de l’aspirateur géant révolutionne la récolte de la matière. Dès 1989, l’entreprise Premier Tech rallie les différents départements d’ingénierie et de fabrication d’équipements. À partir de la tourbe de mousse de sphaigne sur laquelle se basent ses principales activités, la multinationale manie autant le génie mécanique que la recherche scientifique pour le développement de produits qui révolutionnent l’horticulture et l’agriculture.

La fabrication
Plusieurs entreprises d’envergure dépassent largement les frontières régionales, de la fabrication du vitrage chez Prelco à la récupération de métal chez J.M Bastille jusqu’à la production de portes et fenêtres des Lepage Millwork ou de Martin Portes et fenêtres, toutes reconnues dans l’Est du Canada et des États-Unis.

En 2016, la Ville de Rivière-du-Loup est d’ailleurs nommée ville entrepreneuriale de l’année au Canada.


Les institutions d’enseignement
Le monde de l’éducation québécois connaît des bouleversements sans précédent au milieu du 20e siècle avec la déconfessionnalisation de l’enseignement. Comme ailleurs, les grands collèges classiques et les couvents se vident au profit des nouvelles écoles construites dans la foulée des années 1960. À Rivière-du-Loup, la naissance du Foyer-Patro, en 1959, marque profondément l’histoire de l’enseignement dans la région. Ce complexe visionnaire, créé en partenariat avec la Ville et les différents paliers de gouvernement, est fréquenté encore aujourd’hui et comprend le Stade de la Cité des Jeunes, le Pavillon Taché, le Pavillon de l’Avenir et le Cégep de Rivière-du-Loup ainsi que son Centre culturel. Marquant les premiers développements urbains au pied de la côte Saint-Pierre, le complexe est un important legs pour l’éducation et le développement culturel de la région.


Construction du Centre culturel de Rivière-du-Loup inauguré en mars 1967. Société d’histoire et de généalogie de Rivière-du-Loup.


Aujourd’hui, la ville de Rivière-du-Loup, surnommée « la ville aux trois clochers », se distingue autant pour son dynamisme culturel, ses succès économiques, l’ambiance chaleureuse de son quartier historique que pour la beauté pastorale de son parc des Chutes.
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Tartan Rivière-du-Loup 1673

Le tartan Rivière-du-Loup 1673 est un cadeau offert par le Cercle de Fermières Rivière-du-Loup à la Ville pour souligner le 350e anniversaire de la seigneurie de Rivière-du-Loup, concédée en 1673. Créé par les Fermières, dont la section louperivoise fête, en 2023, son centenaire, le tartan constitue une véritable œuvre d’art. Son motif, unique au monde, est dûment enregistré au Scottish Register of Tartans depuis le 17 janvier 2023.

Cette pièce d’étoffe tissée, traditionnelle en Écosse, rend hommage au rôle majeur de la famille Fraser, laquelle était d’origine écossaise, dans l’histoire du développement du village, puis de la ville de Fraserville, devenue plus tard Rivière-du-Loup.

Concédée à Charles Aubert de la Chesnaye (1632-1702) à l’époque de la Nouvelle-France, la seigneurie de Rivière-du-Loup est d’abord exploitée pour le commerce des fourrures et les pêcheries, puis pour le commerce du bois au XIXe siècle. À l’époque, le territoire est occupé par les Premières nations et les nouveaux arrivants, d’origine française, auxquels viendront s’ajouter les Britanniques.

La couleur orangée représente la présence des Premières Nations, le bleu royal la présence française, le rouge l’arrivée des anglophones d’origine anglaise, écossaise et irlandaise après la Conquête britannique de 1760. Le bleu aqua symbolise la couleur des Louperivois d’aujourd’hui.

Les lignes blanches rappellent l’eau de la chute de la rivière du Loup. Elles se croisent au centre, faisant ainsi écho à la situation de carrefour de la ville. Les lignes parallèles, de couleur brune, évoquent le rôle du chemin de fer qui a fait de la ville une plaque tournante de son développement à la fin du XIXe siècle.

Les couleurs du tartan illustrent les teintes du soleil couchant sur le fleuve Saint-Laurent qui marque chaque fin de journée de ce milieu de vie exceptionnel qui est le nôtre.

Le tartan constitue un legs dont l’objectif est de rendre hommage aux peuples fondateurs. Il a été imaginé et créé de façon bénévole par le Cercle de Fermières Rivière-du-Loup en collaboration avec la Société d’histoire et de généalogie de Rivière-du-Loup et la Ville de Rivière-du-Loup.
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