Hôtel de ville patrimonial

Alors que son horloge égrène doucement les premières années de son deuxième centenaire, l’hôtel de ville s’impose toujours au cœur du patrimoine bâti du vieux Rivière-du-Loup, avec sa tour qui domine et surplombe le paysage, témoin d’une histoire riche et édifiante.

Un premier hôtel de ville a d’abord pris place à l’angle des rues Lafontaine et du Collège, aujourd’hui la rue de l’Hôtel-de-Ville. Construit à compter du printemps 1902 et officiellement inauguré le 12 avril 1903, l’édifice servait également de marché public et de salle de théâtre. Moins de sept ans après son ouverture, il est malheureusement ravagé par les flammes dans la nuit du 16 février 1910.

L’ingénieur de la Ville, Georges Ouimet, soumet au conseil les plans d'un nouvel édifice. Inspiré par plusieurs bâtiments municipaux en Europe et aux États-Unis, il voulait confier un caractère d'autorité à l'hôtel de ville qu'il projetait, en le coiffant notamment d'une impressionnante tour. Ses plans prévoyaient aussi l'ajout d'une horloge qui allait dorénavant, jour après jour, donner l'heure juste à la population de Rivière-du-Loup.

La résolution approuvant cette construction est adoptée le 10 avril 1916 et le chantier s’amorce dans les mois suivants. La première assemblée du conseil a lieu le lundi 17 septembre 1917, tandis qu’une cérémonie d’inauguration officielle suivra le dimanche 23 septembre.

Depuis 1984, le gouvernement fédéral reconnaît l’hôtel de ville de Rivière-du-Loup à titre de lieu historique national du Canada. Voici quelques informations tirées de l’Annuaire des désignations patrimoniales fédérales :

« Symbole de fierté et d'ambition municipales, il s'inscrit dans une vieille tradition européenne qui a fait des hôtels de ville des édifices proéminents et des lieux de rassemblement.

La décision d’ériger un nouveau bâtiment municipal pendant la Première Guerre mondiale symbolise la détermination de la ville à moderniser ses services municipaux et à faire sentir sa présence dans la région du Bas-Saint-Laurent. Le style éclectique de cet élégant hôtel de ville, aux décorations inspirées du mouvement Arts and Crafts, le distingue (…).

Les principaux éléments qui contribuent au caractère patrimonial de ce lieu historique sont les suivants :

• L’emplacement bien en vue, dans le centre-ville commercial de Rivière-du-Loup;
• Le style éclectique, particulièrement la volumétrie à deux étages d’influence « Second Empire » avec une section centrale et des pavillons latéraux en saillie, les baies de fenêtres et de portes organisées symétriquement, comprenant de larges fenêtres à guillotine carrées, les éléments de décoration dérivés du style classique, notamment l’entablement de pierre et les pierres d’angle;
• Les éléments associés aux hôtels de ville, notamment l’entrée centrale imposante, la tour de l'horloge carrée et le revêtement de brique;
• L’utilisation d’arrangements architecturaux associés au mouvement Arts and Crafts, notamment les surfaces polychromées et texturées créées par divers ouvrages et ornements contrastants de maçonnerie, l’avant-toit profond, les angles du toit à pignon et la composition pittoresque des fenêtres sur les élévations latérales. »

L'horloge à pesée, dite du type « coucou », a été fabriquée par la compagnie Seth Thomas Clock de Thomaston au Connecticut. Son mécanisme complexe, mais d'une précision et d'une solidité à toute épreuve. D’ailleurs, l’horloge de l’hôtel du Parlement de Québec provient de ce même fabricant.

Les tous premiers tours des rouages de l’horloge ont eu lieu le 8 novembre 1917. À 15 h 56 précisément, le mécanisme a été activé par Joseph-Henri Pelletier, horloger de Rivière-du-Loup. Après cent ans de tic-tac, l'horloge fonctionne toujours bien et son pendule martèle chaque seconde de notre histoire.

Dans ce type de mécanisme, la source d'énergie provient d'une pesée ou d'un poids attaché à une chaîne ou à une corde qu'on enroule par le remontage de l'horloge autour d'un cylindre : le déroulement de la corde par la chute du poids entraîne le mouvement. Le mécanisme doit être remonté tous les quinze jours à l'aide d'une grande manivelle.

La curiosité l’emporte lorsque votre regard se dirige vers le beffroi de l'hôtel de ville et vous mourez d’envie de voir de l’intérieur le mécanisme de l’horloge et le mouvement de son balancier? Une vidéo a été réalisée à l’occasion du 100^e anniversaire de l’hôtel de ville, avec l’inspecteur alors chargé de remonter son mécanisme et André Viger, maître horloger à Québec, spécialiste des horloges anciennes depuis plus de 45 ans.